Affichage détaillé (Grande collecte 14 - 18)
Lecocq, Victor
Lecocq, Jocelyne
Carnet n° 2.
Le 7 août, après 29 heures de voyage, son régiment arrive à Vouziers (Ardennes) à proximité de la frontière du Luxembourg. Victor Lecocq décrit alors l’arrestation d’un espion allemand déguisé en chasseur français et l’absence d’information : « Depuis notre arrivée, nous sommes ici sans nouvelles, nous ne recevons aucun journaux, nous ignorons presque complètement ce qui se passe dans l’est. Nous recevons de temps à autre des dépêches qui ne reçoivent aucune confirmation et qui sont même quelquefois infirmées. Notre mouvement en avant aura au moins l’avantage de nous permettre d’être un peu plus au courant de la situation ». Le 18 août 1914, son régiment entre en Belgique et le 21, il arrive à Fosse dans la Sambre et constate « Les horreurs que la guerre amène avec elle…des familles sans abri, obligées de fuir. A 5 heures et demie, nous entrons même en scène, on entend le canon…nous autres creusons une tranchée pour abriter les fantassins en cas de retraite » et « les allemands se mettent à incendier les villages environnant Fosse…». Fin août, il repasse la frontière et le 29 son régiment essuie des feux d’artillerie et se replie sur Dercy (Aisne). De là, commence ce qu’appelle Victor Lecocq « les marches forcées », comme celle de 62 km en 24 heures, qui les mèneront en Champagne. Le 1er septembre les soldats arrivent à Hermonville (Marne) puis le 7 ont pour ordre « d’aller organiser la défense du petit village de Les-Essards-lès-Sézanne (Marne) ». Le 11 septembre, Victor Lecocq note qu’il traverse un pont de bateaux et passe près d’Ay (Marne) où « il passe la nuit dans un lit ! », chose qui ne lui est pas arrivé depuis le début de la campagne. Le dimanche 13, il indique qu’il se trouve sous le feu des pièces allemandes car son régiment est placé par erreur dans la colonne entre l’infanterie et l’artillerie et que les hommes n’ont « Pour tout abri, que de malheureuses meules de paille » et le 15, il précise qu’il est employé à creuser des fosses pour les morts. Le 26, il cantonne à Neuilly-Saint-Front (Aisne) où il note qu’il fraternise avec les anglais et est frappé par leur bonne organisation et par les « highlanders » qui « nous paraissent curieux avec leurs jupes écossaises, jambes nues au-dessus du genou ». le 29, son régiment arrive en gare près d’Amiens et est dirigé sur Vecquemont près de Daours dans la Somme. Le 4 octobre, il est à Neuville-Vitasse (Pas-de-Calais). Il décrit la ville incendiée et le creusement de tranchées et barricades pour conclure : «La situation semble lugubre au possible ».
Le 7 août, après 29 heures de voyage, son régiment arrive à Vouziers (Ardennes) à proximité de la frontière du Luxembourg. Victor Lecocq décrit alors l’arrestation d’un espion allemand déguisé en chasseur français et l’absence d’information : « Depuis notre arrivée, nous sommes ici sans nouvelles, nous ne recevons aucun journaux, nous ignorons presque complètement ce qui se passe dans l’est. Nous recevons de temps à autre des dépêches qui ne reçoivent aucune confirmation et qui sont même quelquefois infirmées. Notre mouvement en avant aura au moins l’avantage de nous permettre d’être un peu plus au courant de la situation ». Le 18 août 1914, son régiment entre en Belgique et le 21, il arrive à Fosse dans la Sambre et constate « Les horreurs que la guerre amène avec elle…des familles sans abri, obligées de fuir. A 5 heures et demie, nous entrons même en scène, on entend le canon…nous autres creusons une tranchée pour abriter les fantassins en cas de retraite » et « les allemands se mettent à incendier les villages environnant Fosse…». Fin août, il repasse la frontière et le 29 son régiment essuie des feux d’artillerie et se replie sur Dercy (Aisne). De là, commence ce qu’appelle Victor Lecocq « les marches forcées », comme celle de 62 km en 24 heures, qui les mèneront en Champagne. Le 1er septembre les soldats arrivent à Hermonville (Marne) puis le 7 ont pour ordre « d’aller organiser la défense du petit village de Les-Essards-lès-Sézanne (Marne) ». Le 11 septembre, Victor Lecocq note qu’il traverse un pont de bateaux et passe près d’Ay (Marne) où « il passe la nuit dans un lit ! », chose qui ne lui est pas arrivé depuis le début de la campagne. Le dimanche 13, il indique qu’il se trouve sous le feu des pièces allemandes car son régiment est placé par erreur dans la colonne entre l’infanterie et l’artillerie et que les hommes n’ont « Pour tout abri, que de malheureuses meules de paille » et le 15, il précise qu’il est employé à creuser des fosses pour les morts. Le 26, il cantonne à Neuilly-Saint-Front (Aisne) où il note qu’il fraternise avec les anglais et est frappé par leur bonne organisation et par les « highlanders » qui « nous paraissent curieux avec leurs jupes écossaises, jambes nues au-dessus du genou ». le 29, son régiment arrive en gare près d’Amiens et est dirigé sur Vecquemont près de Daours dans la Somme. Le 4 octobre, il est à Neuville-Vitasse (Pas-de-Calais). Il décrit la ville incendiée et le creusement de tranchées et barricades pour conclure : «La situation semble lugubre au possible ».
Saint-Hilaire-Petitville (Manche)
Vouziers (Ardennes)/Dercy (Aisne)/Fosses-la-Ville (Belgique)/Hermonville (Marne)/Neuville-Vitasse (Pas-de-Calais)
nouvelles , vie quotidienne , soldat, combat, témoignage
carnet , récit
Documents prêtés ou donnés lors de l'opération "Grande collecte", 2013 - 2014.
Récit de Jocelyne Lecocq sur son grand-père paternel. Mme Lecocq a souhaité participer à la Grande Collecte pour rendre hommage à tous ces hommes qui ont souffert et faire connaître le témoignage de l’un d’entre eux, son grand-père. Cette démarche est très chargée émotionnellement et très symbolique pour elle.
A la lecture des carnets, Mme Lecocq a été touchée par les conditions très dures et « inhumaines » faites aux soldats : « Couchent dans la paille, reçoivent un bol de lait comme unique repas à l’hôpital… » et que l’on ne prenait pas en compte leurs souffrances. Mme Jocelyne Lecocq a connu son grand-père, il décède quand elle avait 15 ans. Ce grand-père qui était ingénieur des Ponts-et-Chaussées est très cultivé, elle le revoit toujours alité des suites de ses blessures ou d’avoir été gazé durant la guerre suppose-t-elle. A la lecture de ses carnets, Mme Lecocq est frappée et émue par ce grand-père qui fait montre « d’une grande bonté, il écrivait pour les autres, parfois 12 lettres par jour lors de son séjour à l’hôpital », par le fait que ce qui le faisait tenir, c’était de songer à sa famille et à son village, Saint-Hilaire, qu’il écrivait tous les jours à sa femme, sa chère « petite Liline ». Ainsi, Mme Lecocq a compris que son grand-père était très sensible, très pudique et qu’il ne voulait pas étaler ses souffrances. Victor Lecocq a également participé à la deuxième guerre mondiale et a écrit au jour le jour. Il est à l’origine d’une tradition familiale d’écriture que la contributrice continue.
A la lecture des carnets, Mme Lecocq a été touchée par les conditions très dures et « inhumaines » faites aux soldats : « Couchent dans la paille, reçoivent un bol de lait comme unique repas à l’hôpital… » et que l’on ne prenait pas en compte leurs souffrances. Mme Jocelyne Lecocq a connu son grand-père, il décède quand elle avait 15 ans. Ce grand-père qui était ingénieur des Ponts-et-Chaussées est très cultivé, elle le revoit toujours alité des suites de ses blessures ou d’avoir été gazé durant la guerre suppose-t-elle. A la lecture de ses carnets, Mme Lecocq est frappée et émue par ce grand-père qui fait montre « d’une grande bonté, il écrivait pour les autres, parfois 12 lettres par jour lors de son séjour à l’hôpital », par le fait que ce qui le faisait tenir, c’était de songer à sa famille et à son village, Saint-Hilaire, qu’il écrivait tous les jours à sa femme, sa chère « petite Liline ». Ainsi, Mme Lecocq a compris que son grand-père était très sensible, très pudique et qu’il ne voulait pas étaler ses souffrances. Victor Lecocq a également participé à la deuxième guerre mondiale et a écrit au jour le jour. Il est à l’origine d’une tradition familiale d’écriture que la contributrice continue.
12 NUM 104/2
FRAD071-104 Victor Lecocq, les carnets d’un sapeur de la Belgique à Pau.