Santé !
Les enquêtes de santé du conseil départemental d’hygiène nous livrent de précieux renseignements sur la population et les conditions sanitaires locales.
Réalisées entre 1918 et 1932 en application de l’article 9 de la loi du 15 février 1902 relative à la protection de la santé publique, ces enquêtes concernent uniquement les communes de Saône-et-Loire dont le nombre de décès fut, pendant trois années consécutives, supérieur à la mortalité moyenne de la France. A titre de repère, on indiquera que le taux moyen de mortalité en France se fixe actuellement à 8,5 ‰ habitants ; il était de 17,7 ‰ en 1921, 16,5 ‰ en 1928 ou encore de 15,7 ‰ en 1930.
Ces enquêtes de santé visaient deux objectifs principaux : mettre en évidence les causes de surmortalité et proposer, le cas échéant, des conseils sanitaires pour remédier à la situation (exemples : travaux d’adduction d’eau potable, consultations obligatoires pour nourrissons...).
A la lecture des rapports, on constate que beaucoup s’appliquent à démontrer des causes étrangères à la salubrité publique. Une population vieillissante, une faible natalité, la présence sur le territoire communal d’un établissement hospitalier (hôpital, asile, sanatorium…) ou encore d’accueil de populations vulnérables (maison de retraite, orphelinat…) suffisent parfois à expliquer une surmortalité locale.
Au-delà des informations légales systématiquement renseignées (décompte des décès et exposé de leurs causes), certains documents se singularisent par leurs commentaires.
Relevé effectué au fil des pages :
- «en Saône-et-Loire l’hygiène est rudimentaire»
- la Bresse se signale par un taux de mortalité infantile particulièrement élevé
- il est recommandé à la ville d’Autun de couvrir le ruisseau des Tanneries "foyer d’infection" et de veiller au transport des ordures ménagères par voitures closes
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en 1932, l’insalubrité de la cité ouvrière de la faïencerie de Digoin est dénoncée
- le terme d’usure est employé à Charrecey pour qualifier la cause des décès des personnes âgées
- à Givry, ville "réputée pour son air et son climat", on signale la présence de nombreux retraités, rentiers et tuberculeux faisant pencher la balance du mauvais côté
- en 1922, Semur-en-Brionnais compte parmi ses habitants une centenaire "très valide", preuve certaine du bon air et de la qualité de vie dans cette commune.
A découvrir ci-dessous, une sélection d'enquêtes parmi bien d’autres.
Les originaux des enquêtes de santé des années 1918 à 1932 peuvent être consultés sous la cote M 4254.