Antoine-Joseph Laneyrie : de Chaintré à Brazzaville

Photographie d'Antoine-Joseph Laneyrie (33 J 5)

Sur les pas de Pierre Savorgnan de Brazza

Le parcours d’Antoine-Joseph Laneyrie fut extraordinaire. Comme beaucoup d’explorateurs de cette fin de XIXe siècle, il fut doté d'une force de conviction, d'une curiosité pour l'ailleurs et d'une volonté exceptionnelles.

Les Archives départementales de Saône-et-Loire conservent le récit de sa vie et des documents compilés lors de recherches généalogiques par son descendant Henri Laneyrie, dans le dossier 33 J5.

Il est né le 5 février 1859 à Chaintré dans une famille de viticulteurs. Après des études à l'Ecole des Mines de Saint-Etienne, animé par l’esprit d’aventure, il entre en contact à l'âge de 25 ans avec l’explorateur italo-français Pierre Savorgnan de Brazza.

Dans un contexte de rivalités grandissantes entre puissances européennes, la France a constitué depuis 1815 son second espace colonial. Commencé par l’Algérie, il s’étend entre 1862 et 1883 en Asie du Sud-Est (l’Indochine), en Afrique occidentale et équatoriale ainsi qu’à Madagascar.

Brazza propose à Laneyrie de participer à une expédition organisée afin de découvrir le cours du fleuve Congo, encore peu connu des Européens. En 1884, du port de Liverpool, il entame un voyage de presque six mois. Arrivé au Cap Lopez au Gabon actuel, il remonte le fleuve Ogooué jusqu'à Franceville puis rejoint le fleuve Congo. En l’absence de voies terrestres, il navigue sur les rivières et les fleuves en pirogue. Pendant ce périple, il perd tous ses bagages, engloutis dans les flots de l'Ogooué. Il atteint enfin Brazzaville le 6 mars 1885. Sur place, Brazza le nomme bientôt chef de station de la ville.

Alors que Brazzaville n’est encore qu’un village, Antoine Laneyrie bâtit le premier four à briques et fait construire les premiers bâtiments. Il a longtemps tenu le poste seul puis avec son collègue Veistroffer avec lequel il eut quelques démêlés. Au contact des populations locales, il apprend la langue Téké et parvient à avoir des liens d’estime et d’amitié avec les chefs africains. Il gagne en prestige en apprenant aux femmes à tricoter nous dit-on dans son récit de vie.

Laneyrie adopta les méthodes diplomatiques de Brazza. Malgré sa participation active à la création de la colonie Gabon-Congo, Brazza s’opposa aux exactions de certains colons et à la cupidité des compagnies concessionnaires. Il fut considéré comme un homme de paix qui respecta les peuples rencontrés et privilégia les palabres. Il fut reconnu par les autorités congolaises en 2015 « comme un humaniste ».

Antoine-Joseph Laneyrie meurt d’une hépatite aigüe en janvier 1889, il repose dans le cimetière de Brazzaville.

Pour aller plus loin :

1/ Archives départementales de Saône-et-Loire : 

- L’ensemble du récit de la vie d’Antoine-Joseph Laneyrie est présent aux Archives départementales dans le dossier 33 J 5.                                                                              

- Acte de naissance de naissance d’Antoine-Joseph Laneyrie à Chaintré : https://www.archives71.fr/ark:/60535/s00513996f629a67/5139b46e93350

2/ Site Gallica de la Bibliothèque nationale de France :

- Annonce du décés d'Antoine-Joseph Laneyrie dans un extrait des Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d'hisoire (1889).

- Carte du tracé provisoire des itinéraires de l'Ogôoué au Congo / par Pierre Savorgnan de Brazza, 1880

- "Au vieux Congo, notes de route". [1884-1891. Annotations de M. Georges Bruel. Alfred Fourneau, par Auguste Terrier.] / Alfred Fourneau

Récit de la vie d'Antoine-Joseph Laneyrie (33 J 5) Tracé provisoire des itinéraires de l'Ogôoué au Congo par Pierre Savorgnan de Brazza, 1880 Pierre Savorgnan de Brazza par Paul Nadar (1886)