Sur les planches... et sur les dents
ou comment dentiste et théâtre faisaient bon ménage
Scène de théâtre ou de supplice, c'est un spectacle redoutable qui s'installa sur la place de l'hôtel de ville de Tournus, en 1782.
Après avoir obtenu en 1773, un brevet lui autorisant la composition, la vente et le débit de baumes, poudres, bolles et orviétans, le chirurgien-dentiste Antoine Feydeau demande au bailli de Tournus l’autorisation de construire un « théâtre » afin de vendre ses remèdes et de soigner ses patients.
Homonyme de Georges Feydeau (1862-1921), auteur célèbre de pièces de théâtre et de vaudevilles, nul doute que les spectateurs durent frémir et souffrir pour les comédiens d’un jour lors de ces « représentations » d'un genre très spécial !
Apparemment, cette pratique était assez courante. Pierre Baron, Docteur d'Etat en ondotologie, dans un article intitulé Dentiste et théâtre, indique que "Le monde des dentistes a longtemps été étroitement lié au spectacle de la rue. En effet, venant de l’Italie actuelle, des dentistes itinérants se mirent à circuler en Europe dès le XIIIe siècle. Ils montaient des tréteaux, et jouaient quelques pantomimes, parades ou petites scènes improvisées pour attirer les badauds auxquels ils se proposaient de vendre des remèdes, et, accessoirement d’arracher une dent. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, il y avait à Paris trois lieux où de nombreux arracheurs de dents, empiriques et charlatans s’installaient pour travailler : les Foires Saint-Germain et Saint-Laurent et le Pont-Neuf qui fut dès le XVIe siècle un lieu de stationnement privilégié par les opérateurs et les charlatans".
Retrouvez l'article Dentiste et théâtre, Actes. Société française d'histoire de l'art dentaire, 2006, 11.