Le théâtre en scène
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Au XIX° siècle, peu de salles de spectacles existent en Saône-et-Loire. L’essentiel des représentations scéniques, jouées selon un calendrier restreint, est assuré par des troupes ambulantes.
Le théâtre, essentiellement populaire, est alors étroitement surveillé par les autorités. Les troupes ambulantes doivent par exemple communiquer à l’avance leur itinéraire et leur programmation aux préfets des départements qu’elles desservent. La censure veille.
En 1834, la troupe de Théodore Chauloux reçoit le privilège d’exploiter le 8ème arrondissement théâtral concernant, entre autres, la Saône-et-Loire. Elle propose au public du département : drames et vaudevilles tirés du répertoire contemporain français.
Critique d’un spectacle donné par cette troupe publiée dans Le Patriote de Saône-et-Loire du 15 janvier 1834 (PR 86/1)
"Théâtre de Chalon-sur-Saône
Dimanche dernier, beaucoup d’argent, beaucoup de bravos, beaucoup de cette foule bigarrée, qui compose ce qu’on appelle un public ! Certes, il ne fallait rien de moins que la troupe de MM. Hypolite et Théodore, pour arracher ce bon public chalonnais à son indifférence pour les prestations scéniques ! Aussi, sans médire des artistes à demeure, qui ont précédé la troupe actuelle, ils étaient loin de posséder une réunion de sujets tels que : Hypolite au talent si souple, si net, si original ; Rogy plein de rondeur, de bonhommie, de naturel ; Théodore à la diction vive et mordante ; sa gracieuse femme Mme Théodore, au talent si modeste et si vrai ; et Mme Vernet, charmante jeune fille bien mélancolique.
Mais ce dont je tiens le plus de compte à ces Messieurs et à ces dames, c’est d’apprendre leurs rôles ; leur lessoufflé [souffleur] ne s’estomaquera pas, je l’en garantis.
Il y aurait de l’injustice, à ne pas complimenter ces dames sur les soins minutieux qu’elles apportent à leurs toilettes toujours fraîches, toujours élégantes car, comme on le dit, la toilette ne gâte rien !
Le parterre encore mérite nos remerciements ! plus de ces cris, plus de ces brouhaha qui, autrefois effrayaient les dames et les éloignaient d’un plaisir qu’elles goûtent partout avec empressement.
A présent, il faut bien que je vous confie un secret qui bientôt n’en sera plus un ; il faut bien que je vous dise que MM. Hipolyte et Théodore vous réservent un plaisir auquel vous ne vous attendiez pas, celui du Bal, Bal paré-masqué où Pierrot et Collombine, Figaro et Suzannepourront danser la bourrée et la galoppe au son d’un orchestre mélodieux.
Demain jeudi, on donne une seconde représentation demandée de : Le Point d’honneur ou la Courte Paille*, drame en trois actes mêlé de couplets ; la Famille de l’Apothicaire* ou la Petite Prude*, vaudeville en un acte ; le Mouchard Conjugal, vaudeville en un acte".
* textes des frères Cogniard, jeunes auteurs prolifiques et à succès du théâtre contemporain français.