Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)


Livret4FerrierLeCreusot_1917_1918p8

Rationnement du pain

Transcription :

dont le prix ne nous était annoncé que 15 jours après leur vente au consommateur. Que de fois avons-nous dû insister auprès de l'Etat pour obtenir l'autorisation du lui payer des farines qui, par omission, ne nous avaient pas été facturées !... Mais par contre l'Etat se payait parfois la fantaisie d'augmenter sur ses factures les quantités de farines annoncées de 1% et cela quelques mois après leur prise en charge, nous créant de la sorte des difficultés insurmontables pour tenir de façon régulière notre comptabilité-matières ; les suppléments demandés étaient insignifiants, alors que la valeur des marchandises non facturées était considérable. Les constatations que j'ai faites m'ont amené à cette conclusion que l'Etat était un piètre commerçant.
Malgré les appels réitérés de M. le Maire au patriotisme de nos concitoyens le rationnement du pain a soulevé des commentaires parfois bien fantaisistes et provoqué d'acerbes critiques ; nous avons en effet appliqué le rationnement au Creusot de façon loyale, absolue. Lorsqu'un Ministre du Ravitaillement vient dire en temps de guerre : " Je puis donner tant de pain à telle catégorie de citoyens ", un administrateur français doit-il suivre les ordres reçus de façon ponctuelle, de façon militaire ? A-t-il le droit de discuter, de tromper l'Administration, de frauder, en vue de sauvegarder sa popularité, au risque de provoquer des crises par ailleurs. Chaque parcelle du territoire français est solidaire de toutes les autres, comme chaque soldat français exposé à la mort est solidaire de tous ses camarades exposés sur un point quelconque de l'immense front de lutte. Or les maires, agents du gouvernement, sont les élus d'hier, les candidats de demain et beaucoup ont soigné leur réélection à l'aide d'entorses faites sciemment aux règlements. Nous ne l'avons pas fait au Creusot,



Aucun commentaire