Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)
Patriotisme des soldats de l'atelier
Article de G. Berthoulat dans le journal La Liberté sur les soldats de l'atelier, la loi Mourier et leur patriotisme. - 30/05/1918
Transcription :
Et Georges Berthoulat, parlant de l'adresse des ouvriers du Creusot, écrivait dans la Liberté :
" C'est un bel exemple que les ouvriers du Creusot des classes 1912, 1911 et 1910, appelés aux armées en exécution de la loi Mourier, viennent de donner en remettant au commandant d'armes de leur ville une protestation contre tout ce qui tendrait à faire douter du patriotisme de la population ouvrière. Nous sommes placés entre le grand risque pour le grand espoir, ou la résignation à l'asservissement et la mort inévitables. Quel Français, quel citoyen de l'humanité pourrait donc hésiter ?
Vous l'avez compris, rudes métallurgistes du Creusot, dont le coeur est aussi solide que l'acier forgé par vos vaillantes mains. Votre adresse retentira bien au-delà des limites de l'Autunois, dans la France entière qui travaille et qui se bat. Souhaitons vivement que, pareils aux travailleurs du Creusot, qui, en l'espèce, offrent l'image du pays lui-même, les députés apportent de nouveau sur l'autel de la Patrie le sacrifice provisoire de tous leurs buts politiques, en tant que ceux-ci ne se confondent pas avec ce but suprême : le Salut Public ".
Depuis lors, d'autres classes ont été rappelées et sont parties sans qu'un mot amer fût prononcé. Aucune défaillance lorsque l'avance des Allemands avait décidé la Direction des Usines Schneider et Cie à transférer au Creusot une partie de leurs services de Paris. Nous fûmes envahis par les Parisiens ; tous les logements disponibles furent loués par l'Usine ; le prix des denrées augmente encore.
L'on se crispa et l'on voulut croire ; les trembleurs étaient l'exception.