Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)
L'état d'esprit
Quelques ouvriers ivres décrètent la grève - 12/05/1918
Rappel sur le front des ouvriers des classes 1912, 11 et 10 (Loi Mourier) - 15/05/1918
Transcription :
La guerre au Creusot d'août 1917 à novembre 1918
Enfin la Victoire a récompensé l'héroïsme des combattants et la volonté inflexible des gens de l'arrière.
TENUE MORALE – Il y a 15 mois, en écrivant mes notes précédentes, je sentais l'ivraie gagner du terrain ; je sentais la lassitude des uns dégénérer en désertion, je pourrais presque dire en trahison, encouragée en haut lieu, nous l'avons su depuis, par des complicités ou des faiblesses inqualifiables.
Tout ce vent mauvais a été chassé par un homme, un vieillard, M. Clemenceau, qui, prenant en mains de façon énergique les rênes du Pouvoir, a ramené l'union, la confiance, la foi sans lesquels aucune grande action n'est possible.
Dans notre centre ouvrier, les éléments mauvais ont persisté à jeter le trouble tout l'hiver, et au mois de mai 1918, lorsque le gouvernement rappela à l'Armée, par application de la loi Mourier, les ouvriers des classes 1912, 11 et 10 il ne fut question de rien moins que de refus d'obéissance, que de grève... Oui, on a conseillé aux soldats de l'atelier de trahir leur devoir quand les soldats de l'avant combattaient et mouraient. Il y eut réunion sur réunion au syndicat des métallurgistes où les éléments de désordre n'étaient heureusement qu'une infime mais turbulente minorité ; le dimanche soir 12 mai quelques ouvriers ivres décrétèrent la grève osant se dire les représentants de la classe ouvrière.