Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)


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Ravitaillement

Transcription :

mais le paysan faisait observer au Creusotin que lui, " Jacques Bonhomme ", restait seul dans les tranchées avec le commerçant et que l'ouvrier favorisé pouvait bien dépenser puisqu'il était à l'abri avec un salaire inconnu précédemment. Lorsque le beurre fut taxé, à un prix bien raisonnable pourtant, le paysan donna son lait aux animaux et fabriqua seulement le beurre qu'il pouvait dépenser personnellement. Les consommateurs cédèrent les premiers et offrirent au récoltant tout ce qu'il demandait, se riant de la taxe qui devait les protéger malgré eux, et à son tour le Gouvernement capitula. Le paysan ne veut pas de taxe : il a l'instinct farouche de la liberté, en matière transactionnelle s'entend.
La crise du blé fit cacher le grain et là encore la taxe fut lettre morte. J'ai assisté à la visite d'un grenier à Saint-Berain-sous-Sanvignes et le colloque qui s'engagea entre le Président de la Commission de Ravitaillement et le fermier était vraiment amusant. " Bonjour, Monsieur Couturier. Comment ça va ? Entrez donc, nous allons trinquer " " Non, Monsieur X...... nous venons visiter votre grenier " " C'est pas la peine, je n'ai plus rien, vous le savez bien ; trinquons donc d'abord " " Nous n'avons pas le temps. Montons de suite au grenier ". La conversation traîna de la sorte cinq minutes, puis, lorsque le madré compère dut suivre M. Couturier qui connaissait les lieux, il reçut de sa femme restée à la porte de la maison, les mains farouchement campées sur les hanches, un coup d'oeil furieux. Bref, l'on trouva un stock 5 à 6 fois supérieur à ce que le bonhomme



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