Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)

Transcription :

d'Hygiène signalait dans un rapport en date du 15 avril 1917 que le nombre des avortements amenés à l'Hôtel-Dieu dans les trois années de guerre dépassait le chiffre effrayant de 120, ajoutant : " Et ceux que nous voyons ne sont que des cas exceptionnels nécessitant une intervention.... "
Si ces tares, si ces lèpres frappent l'oeil et froissent l'âme, reconnaissons aussi - nous avions fait la même constatation l'an dernier – que les exemples de dignité, de vaillance, sont nombreux également. Abandonnons un instant la rue tapageuse et malsaine, quittons les lieux où l'on boit, où l'on s'amuse et approchons de quelques intérieurs modestes ; approchons-nous avec respect et si nous n'apprécions pas tous les points de vue religieux de certains actes, saluons le mobile humain, le mobile moral.
Que penser de cette femme, réfugiée, jadis relativement aisée, qui a préféré vendre ses bijoux et vivre de privations plutôt que de demander un secours pourtant bien dû et qui poursuit la lutte, calme, digne, souriante et bonne à chacun ? Que penser de cette femme qui depuis le départ de son mari au front, depuis 1914, n'a jamais manqué d'assister à la messe de 6 heures du matin à l'attention de l'absent ? Et il a fait froid, bien froid pourtant cet hiver.
Ne désespérons donc pas de l'avenir de la France. Ce que nous découvrons à l'arrière nous montre, de même que l'héroïsme quotidien du front, que l'âme de la Patrie n'est pas à bout de souffle, qu'elle palpite toujours, qu'elle a encore et qu'elle aura toujours