Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)


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L'état d'esprit des soldats

Transcription :

Champagne et dans l'Aisne n'ont été que relatifs alors que le poilu s'était lancé héroïquement à l'assaut avec la conviction de libérer la France tout entière ; il n'aperçoit pas de solution militaire possible ; il est las des trois années de guerre dont il ne voit pas l'issue et il a la nostalgie bien compréhensible du retour à la vie normale ; il a eu connaissance par les journaux des offres de paix allemandes, offres indirectes, cauteleuses, traîtresses, offres " boches " en un mot, et il se demande pourquoi le Gouvernement a refusé aux socialistes français leurs passeports pour la conférence de Stockholm ; il ne voit pas le piège allemand, lui qui, enlisé par son labeur surhumain de chaque jour, souffre depuis si longtemps par le coeur et par le corps ; il ne connaît pas, il connaît mal la question d'Alsace-Lorraine, il voit d'un oeil jaloux les gens de l'arrière qui, ostensiblement, cyniquement même parfois, sont si loin de la guerre ; il se demande pourquoi l'ouvrier de l'arrière qui fabrique des obus et qui couche dans un lit, qui touche des salaires élevés, peut refuser le travail dont la France a besoin et peut faire grève, alors que lui, le poilu, doit le jour comme la nuit, pour 5 sous, se lancer dans la mort.
Espérons que les Pouvoirs publics sauront trouver l'argument suprême qui touchera au coeur le soldat égaré, espérons que les mieux trempés de nos braves sauront gagner à leur ardeur inlassable les faibles, les hésitants, les désemparés. Mais constatons que l'arrière ne comprend pas suffisamment la portée des événements auxquels il est mêlé et qu'il prête le flanc à la critique. Devrions-nous aujourd'hui trouver une seule personne qui



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