Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)

Transcription :

M. Couturier, président de la Commission de Ravitaillement à la Mairie de Charmoy où une trentaine de cultivateurs avaient été convoqués par leur Maire, je leur eus expliqué les raisons que, malgré les angoisses de l'heure présente, nous avions de conserver notre foi en la victoire, les raisons morales et matérielles que nous avions tous, cultivateurs, citadins, de ne vouloir la paix que par une victoire absolue, après que je les eus exhortés à faire, en ce qui concerne le Ravitaillement de l'Armée, tout leur devoir de Français, à donner tout leur blé, à donner leur bétail de choix aux soldats leurs enfants leurs frères nous eûmes l'impression bien nette, M. Couturier et moi, que notre cause était gagnée et nous en eûmes la preuve matérielle dans la déclaration spontanée de plus de 60 quintaux supplémentaires de blé caché précédemment. Ce qui fait défaut à la campagne, c'est le trait d'union entre l'Administration, bien loin, bien haut placée et l'administré ; ce qui fait défaut, c'est la causerie périodique et amicale entre cette masse honnête, mais éprouvée et dispersée, et un représentant de l'Administration : le Maire ne peut pas, souvent il n'ose pas remplir cet office ; il est l'élu, et malgré la guerre conserve souvent une âme d'élu et une âme de candidat ; le vice de son origine, comme le vice de l'édifice tout entier, pèse lourdement sur la situation du pays. Le curé n'a plus l'autorité suffisante ; l'instituteur n'a pas su la gagner.
Il manque présentement à l'âme populaire une base, un point d'appui. Le soldat a perdu sa confiance et il se crée entre lui et le civil un fossé profond, je n'ose pas encore dire inquiétant. Nos succès en