Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)
L'union sacrée
Début de la seconde bataille de l'Aisne, "offensive Nivelle" - 16/04/1917
Transcription :
Ajoutons qu'ils forment l'immense majorité. Pouvons-nous en conscience classer la force de résistance morale de chaque parti, de chaque confession ? Pouvons-nous reconnaître que les défections furent assez fréquentes dans tel camp, presque nulles dans tel autre ? Non. L'Union sacrée subsiste dans tous les milieux et nous devons fermer les yeux sur ce qui accuserait un manque de résistance de l'une des fractions du Pays. Mais nous avons le droit de constater toutefois que cette force de résistance atteint son maximum chez ceux que la guerre a le plus frappés, chez l'élément honnête des pays envahis, des pays dévastés. Citerai-je une vieille brave femme, réfugiée au Creusot, séparée de sa fille dont elle n'a pas eu de nouvelles depuis l'invasion, qui a peiné, qui a souffert physiquement et moralement, qui a pleuré mais qui jamais n'a désespéré et qui se déclare prête à accepter encore de nouvelles souffrances plutôt que savoir son pays de Liévin rester allemand. " Nous avions fait des économies sur les journées de mon mari, dit-elle ; nous avions fait construire une petite maison dans la banlieue et possédions un jardin coquet ; nous devions être heureux. Il ne nous reste rien. Mais je voudrais y retourner quand même,... lorsque ce sera à nouveau Français. "
Citerai-je ce prisonnier malade, interné en Suisse, originaire de Condé-sur-Aisne, dont j'ai parlé l'année précédente, et qui m'écrivait le 25 avril après la Victoire française de l'Aisne " J'ai la conviction que notre pauvre pays de Condé-sur-Aisne est maintenant français ; du pays il ne reste rien, mais peu importe qu'il n'y ait plus que des cendres et des tas de moellons, ils sont quand même français. Je vous assure que ce n'est pas sans une