Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)

Transcription :

La guerre au Creusot de juillet 1916 à juillet 1917

Comme ailleurs, nous espérions au Creusot il y a un an que la guerre serait terminée, ou sur le point de l'être, en juillet 1917. La campagne d'hiver avait été acceptée patriotiquement par chacun, quelque pénible, quelque vigoureuse qu'elle pût être. L'exemple de l'offensive de la Somme, offensive victorieuse, mais lente, ouvrait dans l'esprit de la foule des horizons illimités à l'offensive du printemps de 1917 ; chacun assignait sa date à la Victoire. L'offensive a bien eu lieu, nous avons avancé, mais la Victoire définitive n'a pas suivi. Le Teuton tient toujours et les nôtres sont tombés par milliers. Et aujourd'hui, pour la première fois peut-être l'on entrevoit l'effroyable réalité que représente la guerre d'usure qui nous est imposée, pour la première fois peut-être l'on n'ose plus fixer une durée à la Grande Guerre. Dans ce naufrage de toutes les espérances, de toutes les illusions, une étoile nouvelle est heureusement apparue : l'Amérique à son tour entre dans l'arène. La Victoire reste donc possible ; elle reste donc certaine si la France veut tenir. Et tous ceux dont le sens moral n'est pas atrophié, tous ceux qui, malgré le flot de sang et de douleur venu du front, ont encore des yeux pour voir, tous ceux qui ont conservé une âme française et une raison saine, tous ceux-là, dis-je, tiennent et tiendront.