Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)


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Crise de la boucherie

Arrêté municipal sur la taxation de la viande - 04/02/1916

Mise en vigueur de la taxation de la viande - 15/02/1916

Transcription :

M. le Maire subit pendant une grande heure des discours fort nombreux, mais quelque peu enchevêtrés, en raison du désir de chacune des huit déléguées de placer son mot, d'étaler son talent. Tour à tour mielleuses, acerbes, elles exposèrent les difficultés de leur situation, la cherté des animaux, les faveurs dont jouissaient les ouvriers du Creusot. Par condescendance, pour ne pas créer d'ennuis à la Municipalité, elles daignaient accepter la taxe, mais elles ne voulaient pas être obligées de la placarder chez elles.
Satisfaction leur fut donnée par M. le Maire.
Mais sitôt sorties de son Cabinet, elles clamèrent à haute voix, quoique bien inintelligemment, qu'elles avaient convaincu le Maire, que son arrêté était rapporté, qu'elles lui avaient passé quelque chose, et autres aménités du même genre.
La réponse ne se fit pas attendre. M. le Maire donna ordre au Commissaire de police de remettre à chaque boucher un exemplaire de la taxe avec obligation de l'afficher puis de dresser procès-verbal contre quiconque contreviendrait à l'arrêté nouveau.
La colère des bouchers – je pourrais plus exactement dire des bouchères – fut naturellement très grande ; elles vitupérèrent contre M. le Maire, l'accusant d'avoir manqué à sa parole et après s'être concertées, décidèrent, d'accord avec les bouchers-hommes, qu'à partir du 15 février, date de mise en vigueur de la taxe, il ne serait plus abattu de boeuf ; il fallait en effet ameuter la population contre la Municipalité et elles voulaient savoir aussi qui aurait le dernier mot en ce conflit.
Sans bruit, mais sans cacher non plus aucun de ses



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