Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)
Hausse du nombre de réfugiés
400 réfugiés dont 190 assistés - 30/05/1916
Transcription :
période de la guerre, la masse anonyme et honnête ne se remarque pas ; le rire bruyant choque, le dévergondage écoeure lorsque l'on pense à la tragédie qui par ailleurs se déroule dans le sang des meilleurs des Français. Et lorsque l'âme a été froissée par ces exhibitions si déplacées, l'on est tenté de généraliser.
C'est que le mal s'étale, s'affiche, alors qu'il faut chercher pour trouver la vertu, toujours modeste, toujours cachée.
Ah ! La guerre est bien la grande épreuve qui donne à chacun sa valeur réelle. L'aiguillon de la douleur élève l'un, abaisse l'autre. Mais la prolongation de la crise fait remonter la lie à la surface et la lie cache aux yeux du passant non averti le pur contenu du vase français.
REFUGIES – Et pendant ce temps, que deviennent les réfugiés que le malheur a mêlés à notre vie ? N'y a-t-il pas chez eux un peu d'envie ? Ne pensent-ils pas que Le Creusot est bien heureux d'être à l'abri de la misère, d'être presque à l'abri du danger ? Je ne saurais le nier. Quelques bribes de conversations, un mot recueilli au passage montrent combien est pénible pour eux le côtoiement d'une insouciance étalée impudemment, cyniquement même parfois. Et c'est aussi parce que nous devons avoir pitié d'eux, pitié de tous ceux qui souffrent, pitié des pères et mères en deuil, pitié des veuves, pitié des poilus de passage, que je voudrais voir disparaître, de la voie publique tout au moins, toute manifestation inopportune d'inconscience.
Le nombre des réfugiés s'est sensiblement élevé ; il était au 30 mai de 400 personnes connues, dont 190 étaient assistées. Nous comptons comme réfugiés les militaires originaires des régions