Affichage détaillé (Une chronique du secrétaire de mairie, Pierre Ferrier)


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La main d'oeuvre des boulangers

Remplacer les boulangers mobilisés - 04/08/1914

Transcription :

OUVRIERS BOULANGERS – La question de la farine étant résolue, restait la main-d'oeuvre. La grande majorité des boulangers du Creusot, relativement jeunes, furent appelés, ainsi que leurs ouvriers, dès les premiers jours de la mobilisation. Il ne restait que quelques boulangers âgés, des femmes et des apprentis inexpérimentés. Les premiers besoins furent couverts grâce à l'obligeance de MM. Schneider et Cie qui mirent à la disposition de la Ville tous les anciens boulangers travaillant dans leurs ateliers. Le 4 août la Municipalité faisait savoir que la liste de ces anciens ouvriers boulangers était à la disposition des intéressés à la Mairie. Mais la plupart de ces ouvriers n'étaient plus au courant d'un travail non pratiqué depuis un nombre respectable de décades : c'étaient des vieux, des infirmes. Deux boulangères se mirent résolument et courageusement à la besogne et à l'aide d'un jeune homme fabriquèrent elles-mêmes le pain ; d'autres obtinrent le concours de militaires, mais toutes ou presque toutes demandèrent verbalement ou par écrit, avec une insistance bien excusable, le retour de leurs maris, invoquant les arguments d'intérêt général les plus irrésistibles, les plus habilement présentés. L'Autorité militaire fut inflexible et la centaine de lettres présentées ou appuyées par la Municipalité reçurent toutes une réponse catégoriquement négative. Le Général commandant la 8e Région concluait, dans sa lettre du 2 mars 1915, que, dans une ville comme Le Creusot, il devait être facile de trouver des hommes non mobilisables ou des femmes pour faire le pain. Non, mon Général, ce n'est pas facile lorsque tous les hommes valides sont partis et que, comme nous le verrons plus loin, il n'y a plus aucun chômeur ; non, mon Général, à de très rares exceptions près, les femmes, qui à la campagne peuvent faire le pain nécessaire à un ménage, n'ont pas la résistance physique nécessaire pour faire de 200 à 600 Kg de pain par jour comme le commandent les besoins d'une boulangerie urbaine. La Municipalité se débattit pendant longtemps au milieu de grandes



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